Par Eva Shaw, Ph.D.
Qu’il ait lieu en sol étranger ou près de chez nous, le décès d’un membre des forces armées, est toujours ressenti de façon particulière dans nos cœurs. Une personne courageuse investissait sa vie pour nous protéger et protéger notre pays. Il participait à une tradition à laquelle nous rendons honneur depuis que les Pères de la Confédération ont signé l’Acte de l’Amérique du Nord britannique et que nos ancêtres ont fait la guerre pour protéger notre patrie. La personne décédée était brave et courageuse.
Il est possible que les circonstances d’un décès militaire restent inconnues, mais nos cœurs souffrent de cette perte. Tout en soignant nos blessures profondes et personnelles, nous et tous ceux qui avons aimé cette personne honorable, sommes fiers de l’avoir connue. Souvent, nous partageons notre peine avec tout un cercle de personnes, car nombreux sont ceux concernés par la tristesse occasionnée par le décès d’un héros.
Un deuil qui perdure
Si vous vivez le décès d’une personne faisant partie des Forces armées, votre peine ne disparaîtra pas en une semaine, un mois ou un an. Il se peut que le 1er juillet prochain, lors des cérémonies entourant la fête du Canada, vous versiez des larmes. La personne décédée comprendrait. C’est tout à fait naturel. Ne niez pas vos émotions.
Patriotisme
Le décès d’une personne membre des Forces armées peut être plus difficile et frustrant que, par exemple, le décès d’un proche devenu malade ou âgé. Après un décès militaire, peu importe le rang ou la garnison, nous qui sommes survivants luttons et éprouvons de la colère envers le conflit au cours duquel la personne aimée est décédée. Nous luttons contre la douleur tout en éprouvant un patriotisme accru pour les efforts vaillants de cette personne toute spéciale.
À l’opposé, nous pouvons aussi ressentir d’autres émotions. Il est naturel de réagir avec violence contre la cause ou la situation pour laquelle la personne est décédée; colère, fureur et choc obscurcissent nos cœurs et nos décisions. Puis, l’instant suivant, nous pouvons être déchirés si nous pensons que la personne aimée ne voudrait pas que nous haïssions le gouvernement ou les Forces armées. Il se peut que vous ne vous sentiez pas de la sorte, mais c’est peut-être le cas pour les personnes les plus proches du défunt.
Le deuil parmi la confusion
Les survivants disent que l’un des plus grands défis associés à ce moment solennel est le manque de détails à propos du décès. Très souvent, on ne saura jamais ce qui s’est vraiment passé. Se sentir confus est donc naturel. Cependant, savoir quoi faire offre la possibilité de gérer le décès avec la grâce et la dignité méritée par tout membre des Forces armées.
Les procédures après le décès
Toutes les branches des Forces armées ont des procédures complètes concernant les détails pratiques reliés au décès d’un de leur membre. Après un décès, un officier ou un aumônier de la base militaire la plus proche rendra visite à la famille et restera avec elle jusqu’à l’arrivée d’autre soutien. Si les personnes à charge vivent dans un logement militaire, la visite y aura lieu. Un officier spécial sera responsable de vous aider avec les détails des funérailles et, si approprié, de rapporter le corps de la personne aimée à la maison.
Visites, voyage et cimetières gouvernementaux
Une visite inattendue et officielle d’un aumônier ou d’un officier est très redoutée par tout conjoint, mère ou père de militaire. Si vous avez cette crainte, soyez assuré que cette personne a été spécialement préparée pour vous soutenir dans ce moment difficile. À titre de famille endeuillée, l’armée peut verser des indemnités de transport pour se rendre aux funérailles ou à l’inhumation. En temps d’hostilités, l’armée peut ne pas divulguer les noms des militaires décédés et de leurs proches aux médias avant que la famille n’en ait été informée. Si vous le désirez, et si l’espace le permet, le personnel militaire et ses proches peuvent être inhumés dans un cimetière militaire.
Avantages militaires
Les indemnités sont versées au proche désigné sans recours aux services d’un avocat civil. D’autres indemnités peuvent être dues et l’aumônier ou l’officier responsable sera en mesure de conseiller la famille. Les familles trouvent également du soutien auprès des associations de vétérans
Effets personnels
Les effets personnels, non militaires, sont retournés à la famille. Journal, Bible, bijoux, lettres, albums, montre, livres ou photos préférés ayant appartenu au défunt peuvent s’avérer être d’irremplaçables souvenirs soulignant la vie courageuse vécue par le défunt. Vous souhaitez certainement les garder, peut-être en les conservant dans un endroit particulier de la maison ou dans une boîte de souvenirs.
Preuve de décès
Les Forces armées ne délivrent pas de certificats de décès. À la place, vous recevrez des copies d'une preuve de décès. Ce rapport est remis que le décès ait eu lieu au combat ou non. Le rapport est utilisé de la même manière qu'un certificat de décès, pour le transfert de biens et le versement des primes d'assurance.
Funérailles militaires
En tant que proches de la personne décédée, vous pouvez décider si vous désirez des funérailles militaires ou non et si vous désirez qu’elles aient lieu à la base militaire la plus proche. Parfois, les familles ne le souhaitent pas, en particulier si elles sont profondément blessées et en colère. Le personnel militaire vous aidant pour l’organisation comprend les émotions conflictuelles.
Souvent, les gens ayant fait l’expérience du deuil d’un militaire disent que des funérailles ou un service commémoratif militaire, ou une cérémonie incluant un thème patriotique, offrent un rituel bienfaisant et réconfortant. Cela peut être thérapeutique et c’est un bel hommage pour l’homme qui a servi son pays.
Cérémonie près de la sépulture
On demande aux membres de la famille de prendre certaines décisions concernant les funérailles militaires, comme l’exposition (si appropriée) et si un aumônier militaire, un membre du clergé connu par la famille ou un prêtre présidera. La famille peut décider s’il y aura des fleurs additionnelles à celles fournies par les Forces armées et s’il y aura une rencontre après les funérailles. Une cérémonie militaire se déroule habituellement près de la sépulture, mais il peut également y avoir une cérémonie ou un service dans une chapelle. Près de la sépulture, un groupe de sept personnes tirera une salve en guise de salut. Vous entendrez le clairon. Des militaires porteurs de cercueils et un officier ou une personne de rang supérieur à la personne décédée seront présents.
Un drapeau canadien, qui vous sera remis ou qui sera remis à la famille, sera étalé sur le cercueil. S’il y a des fleurs sur ce dernier, un représentant des Forces tiendra le drapeau plié. Pour les funérailles en présence des cendres, un représentant des Forces tiendra l’urne et un autre le drapeau. L’urne sera ensuite déposée dans un caveau ou inhumée. La fin de la cérémonie est signalée lorsque le drapeau est remis cérémonieusement aux proches.
Les membres des Forces armées ont choisi de protéger notre pays et chacun d’entre nous. Ils offrent un service qui est tout aussi honorable que sans prix. Notre fierté pour leurs valeurs morales et leur patriotisme rend leur décès intime et intense pour chaque citoyen.
À propos de l'auteur
Eva Shaw, Ph. D. est une autorité reconnue en matière de décès, de deuil et de gestion du deuil. Auteure du livre intitulé « What to Do When a Loved One Dies : A Practical and Compassionate Guide to Dealing with Death on Life’s Terms », elle est invitée comme expert dans plusieurs tables rondes et émissions de télévision. Conférencière reconnue et souvent sollicitée pour des conférences ou ateliers.