Par Alan D. Wolfelt, Ph.D.
Le décès d’un parent est la forme de deuil la plus fréquente en
Amérique du Nord, plus de 15 millions de personnes font cette expérience
chaque année. Soixante-quinze pour cent d’entre nous auront perdu leurs
deux parents avant l’âge de 62 ans.
Peu importe votre âge, vous êtes l’enfant de vos parents. Il y a
encore des moments où vous avez besoin de votre mère et de votre père.
La relation parent-enfant sert souvent de « miroir », elle reflète qui
vous êtes en ce monde. Il est tout à fait compréhensible que le décès
d’un parent vous brise le cœur. Dans votre quête de moyens de guérison,
mettre l’accent sur les besoins suivants peut vous aider.
Prenez soin de vous
Être « en deuil » veut dire avoir des besoins spéciaux. Le plus
important étant d’avoir de la compassion pour vous-même. Par contre,
souvent, nous faisons tout le contraire; nous avons des attentes
inappropriées à propos de « comment » nous devrions vivre notre deuil.
Ces attentes proviennent de la société, elle nous dit d’être forts
vis-à-vis le deuil. On se fait dire de « continuer » ou « de garder la
tête haute ». En réalité, lorsque nous sommes en deuil, nous avons
besoin de ralentir. Nous devons nous adapter à notre sentiment de perte,
rechercher et accepter du soutien.
Notre culture n’encourage peut-être pas la compassion envers
soi-même, mais prendre soin de vous est essentiel à votre survie. Cela
ne signifie pas de vous apitoyer sur votre sort. Cela veut dire vous
permettre de guérir. Car c’est en prenant soin de vous, en vous donnant
le temps de cheminer dans le processus de deuil et en y investissant des
énergies que vous trouverez un sens à votre vie.
Le deuil et le chagrin
Le deuil est ce que nous ressentons à l’intérieur de nous lorsqu’une personne aimée décède. « Être en deuil » est l’expression de notre deuil. Tout un chacun est en deuil lors du décès d’une personne aimée, pour guérir, nous devons exprimer notre deuil. « Être en deuil » peut vouloir dire parler de notre deuil avec les autres, pleurer, écrire dans un journal ou aller aux rencontres d’un groupe d’entraide.
Racontez votre histoire
Accepter un décès est un besoin douloureux que l’on comble lentement avec le temps. Une partie importante de la guérison – et une façon importante d’exprimer votre deuil – est de « raconter votre histoire » encore et encore. Lorsque vous racontez l’histoire du décès de votre parent à quelqu’un, vous pouvez raconter les circonstances du décès, parler de la relation entre votre parent et vous, décrire la personnalité de votre parent et partager de bons et mauvais souvenirs. Chaque fois que vous racontez l’histoire, elle devient un peu plus réelle. Trouvez des gens qui écoutent sans juger.
Le grand mythe
Le mythe est « Tout le monde meurt et nous nous attendons que les
gens qui ont eu une longue vie bien remplie vont mourir. Les adultes
doivent savoir ces choses-là. On ne devrait pas être si perturbé au
décès d’un parent ».
Mais en réalité, le décès d’une personne aimée, en particulier une
personne ayant joué un si grand rôle dans notre vie, est une très grande
perte. Que votre parent fût très âgé ou non, que le décès fût anticipé
ou soudain, une personne que vous aimez et qui vous aime ne sera plus
jamais présente physiquement auprès de vous. Bien sûr que vous êtes en
deuil, vous avez besoin de l’exprimer!
Ayez de la compassion pour vos frères et sœurs
Tout comme il n’y a pas de « meilleure » façon de cheminer dans le
processus de deuil pour vous, il n’y en a pas pour vos frères et sœurs.
Chacun chemine de façon différente.
Bien que vous êtes en mesure d’anticiper la réaction de certains
(votre sœur, qui est très émotive, est très émotive), d’autres
pourraient vous surprendre. Votre frère habituellement avare de ses
émotions est tout retourné. Ou votre sœur habituellement dévouée refuse
de collaborer à la planification des funérailles. Ne laissez pas ces
différences vous alarmer ou vous blesser. Essayez de vous rappeler que
chacun vit son deuil à sa manière.
S’il y a un parent survivant, chaque frère et sœur aura une relation
différente avec lui. Prenez les devants et essayez de discuter des
responsabilités de chacun, donnez libre cours à vos doléances sans
blâmer.
Triez les biens
Savoir quoi faire avec les biens d’un parent peut être particulièrement difficile lorsque cette responsabilité incombe à un « enfant » d’âge adulte. Comme pour tous les aspects du deuil, il n’y a pas seulement une bonne réponse. Vous devez faire ce qui vous semble convenable. Lorsque vous êtes prêt à faire le tri des biens de votre parent, demandez à vos frères et sœurs ou à un ami de la famille de vous aider. Cette tâche est souvent trop grosse et trop exigeante émotionnellement pour être effectuée par une seule personne. Ne disposez pas des choses à la hâte, vous ne pourrez pas les récupérer plus tard.
Vivez votre spiritualité
Malgré tout, le processus de deuil est un cheminement de l’âme. Vous devez songer au pourquoi de la vie et de la mort et à ce qui donne un sens à la vie. Pour plusieurs, un lieu de culte offre un endroit sécurisant et un rituel aidant à la réflexion spirituelle. Faites un effort pour vivre votre spiritualité. Cela peut vous procurer un sentiment de paix, d’espoir et contribuer à votre guérison.
Ayez confiance en vos capacités de guérison
Si vous exprimez le deuil de votre parent ouvertement et vous acceptez le soutien d’autrui, avec le temps, vous apprivoiserez votre deuil. Finalement, à travers votre cheminement, peut-être estimerez-vous que vous grandissez émotionnellement et spirituellement. Ayez confiance en vos capacités de guérison. Vous le voulez, vous le pouvez.
À propos de l'auteur
Alan D. Wolfelt, Ph. D. est professeur et auteur reconnu. Il est spécialisé en gestion du deuil et reconnu internationalement pour sa contribution à la compréhension du processus de deuil chez les enfants et les adultes. Il est le directeur du « Center for Loss and Life Transition » et est membre de la faculté du département de médecine familiale de l’Université du Colorado.