Comment s’aider lors du décès d’un bébé avant sa naissance ou d’un avortement spontané

Par Eva Shaw, Ph.D.

 

Lire à propos du deuil et savoir à quoi s’attendre procure un sentiment de contrôle dans une situation qui peut sembler chaotique. Lorsqu’un bébé meurt avant sa naissance ou qu’un avortement spontané se produit, vous ou vos proches faites face à une quantité énorme de choix et il est aussi possible que, pour la première fois, vous faites face à un deuil résultant de la perte d’un être cher. Les étapes du deuil sont le refus, la colère, la négociation, la dépression et l’acceptation.

Lorsque le décès est le résultat d’un enfant mort-né, d’un avortement, d’un avortement spontané ou le résultat d’une grossesse ectopique, vous pouvez vous sentir comme si vous n’aviez personne à qui parler. Quelques parents et grands-parents ressentent que c’est « socialement inacceptable » de parler de cette mort après une semaine ou deux suivant l’événement. Alors que c’est tout à fait faux, cela rend le deuil encore plus difficile. C’est comme si le bébé n’avait jamais existé et cela n’est tout simplement pas vrai.

Lorsque personne n'est au courant

Passez à travers le deuil d’un enfant mort avant terme ou mort-né, que certains estiment être un deuil des plus difficiles, demande du courage. Des funérailles peuvent avoir lieu ou non. Vous ne recevrez peut-être pas de cartes ni d’appels de condoléances. Parfois, collègues, amis et voisins ne sont même pas au courant de la grossesse ou du décès du bébé. Comment gérer tout ça? Bien qu’il ne soit jamais facile de naviguer à travers les étapes du deuil, il peut être utile d’en apprendre le plus possible à ce sujet, qu’est-ce qui se produit, pourquoi, quand et si cela est arrivé à d’autres personnes.

Chercher du soutien

Comme avec tous les autres deuils, ne pas discuter du décès, garder un sourire rigide ou éviter d’utiliser le nom du bébé est peut-être la pire chose que les survivants peuvent faire. Comme il n’y a pas souvent de « conclusion » pour aider à guérir les blessures émotionnelles, parents, membre de la famille et proches du bébé peuvent songer à parler avec un psychologue ou se joindre à un groupe d’entraide. Trouvez un thérapeute ou un groupe d’entraide dont la personne-ressource a de l’expérience en lien avec votre deuil particulier. Votre médecin ou un conseiller peut vous aider à trouver cette personne.

L'aspect physique du deuil

Après le décès du bébé, soyez assuré que vous n’êtes pas seul dans votre parcours de deuil. Plusieurs personnes comprennent le deuil émotionnel, mais vous souffrez peut-être aussi d’un deuil physique. Il est naturel de se sentir nerveux, de ne pas avoir faim ou de ne pas être capable de prendre la moindre petite décision, comme quoi manger ou porter. Demandez de l’aide aux autres. Vous ne devenez pas fou. Vous êtes en deuil.

Plusieurs parents mentionnent qu’ils ont l’impression de vivre dans un brouillard durant les premières semaines après le décès de leur bébé. Ils disent également qu’aux funérailles ou à la veillée, ils se sentaient étrangers ou même spectateurs. C’est un moyen de protection naturel qui aide les parents à surmonter le décès d’un enfant. Cette réaction peut durer quelques minutes, des heures, des jours ou des semaines. Pleurer, sangloter, se lamenter ou toute autre manifestation d’émotion marque habituellement la fin de la période de choc initiale.

Gérer un deuil profond

Il n’y a pas de bonne ou mauvaise façon de passer au travers de cette période d’ombre qui suit un décès. Mais, si votre deuil devient trop noir totalement sans lumière de toute la journée, que vous avez des pensées suicidaires ou que vous êtes constamment léthargique, demandez de l’aide sans hésiter. Cela ne veut pas dire que vous êtes inadéquat ou que quelque chose ne tourne pas rond avec vous. Cela veut dire que vous éprouvez un deuil très profond. Voici quelques suggestions pour vous aider ainsi que vos proches, lors du décès d’un bébé avant sa naissance.

• Apprenez-en le plus possible à ce sujet. Il n’y a peut-être pas de réponse à la question « pourquoi », mais poser des questions vous permettra d’exprimer vos émotions. Lisez des livres sur le sujet et discutez avec un conseiller, un travailleur social ou des amis.
• Posez des gestes rituels. Vous pouvez souhaiter allumer une chandelle ou allez porter des fleurs au cimetière. Et il est tout à fait correct de demander une photo de l’enfant mort-né. C’est VOTRE enfant, il est tout aussi réel que n’importe quel enfant de ce monde.
• Prenez des « pauses ». Des moments spéciaux durant lesquels vous vous accordez le droit de rire, de regarder une comédie et de faire quelques douces folies. Vous avez peut-être besoin de faire une promenade, de faire du vélo ou de pratiquer votre golf dans le jardin. Cela ne veut pas dire que vous n’êtes plus en deuil. Cela veut simplement dire que vous êtes humain.
• Si vous ne l’avez pas déjà fait, donnez un nom à votre enfant. Vous trouverez qu’il est plus facile de vous souvenir lorsque votre bébé à un nom.
• Recherchez le contact avec les autres. Parlez du décès. Utilisez le nom du bébé dans les conversations. Lorsqu’on vous demande combien d’enfants vous avez, vous pouvez dire « J’en ai eu trois. Notre gentil bébé Stéphane est décédé à la naissance. » Il est possible que cela choque les gens. Ce que VOUS faites, c’est affirmer que vous avez encore votre enfant dans votre cœur et vos souvenirs.
• Créez une boîte à souvenir pour votre bébé. Vous pouvez y déposer l’acte de naissance et de décès, le bracelet d’hôpital, peut-être même une mèche de cheveux. La réalité du décès de votre enfant n’exclut pas votre désir de vouloir honorer la relation que vous avez eue avec votre bébé.

Sentiments de soulagement ou de culpabilité ou aucun sentiment

Lorsqu’une anomalie de développement provoque un avortement spontané, sachant qu’ils n’auront pas à s’inquiéter toute leur vie à propos du futur d’un enfant gravement handicapé, certains parents peuvent se sentir soulagés et coupables. Ou vous pouvez avoir de la peine d’avoir conçu un enfant imparfait et vous inquiéter que le prochain soit également mort avant la naissance. Si cela pèse lourd dans votre cœur, parlez à un professionnel de la santé. Vous vous sentirez mieux préparé si vous avez plus d’information. Peu importe les raisons qui ont mis fin à la grossesse, vous pouvez être très chagriné par la fin du si beau rêve qu’était votre enfant.

Si vous ne ressentez pas les émotions rattachées au deuil, ne vous inquiétez pas. Les émotions sont les émotions. Elles ne sont pas bonnes ou mauvaises, elles existent un point c’est tout.

Le processus de deuil

Après quelque temps, disons six mois après le décès du bébé, vous serez peut-être prêt à parler et à lire à propos du deuil. En comprenant ce que vous et les membres de votre famille vivez, vous serez plus en mesure d’apprendre de votre expérience. Soyez assuré que c’est correct d’avoir encore besoin de prendre soin de vous. Il est naturel de vous sentir déprimé et souvent fatigué. Bien que vous ne vous sentez pas terriblement en forme, vous êtes dans le processus de guérison du deuil.

Le deuil d’un bébé a été comparé à avoir une chirurgie. Maman, papa, frères, sœurs et proches ont besoin d’être rassurés qu’ils vont guérir, mais il y aura toujours une cicatrice, une faiblesse et une sensibilité.

Le bébé était un être vivant pour vous et vos proches et sera toujours précieux. N’ayez pas peur, vous ne l’oublierez jamais. Votre sentiment de perte est né de votre sentiment d’amour pour votre enfant à naître.

À propos de l'auteur

Eva Shaw, Ph. D. est une autorité reconnue en matière de décès, de deuil et de gestion du deuil. Auteure du livre intitulé « What to Do When a Loved One Dies : A Practical and Compassionate Guide to Dealing with Death on Life’s Terms », elle est invitée comme expert dans plusieurs tables rondes et émissions de télévision. Conférencière reconnue et souvent sollicitée pour des conférences ou ateliers.