Par Therese A. Rando, Ph.D., BCETS, BCBT
Le cheminement à travers le deuil est différent pour chacun de nous... nous prenons chacun notre chemin.
Une personne que vous aimez vient de mourir. Cela vous fait vivre l'une des expériences humaines les plus difficiles - faire face au décès d'une personne aimée importante dans votre vie. Dans cet article, vous apprendrez à connaître votre peine (éprouver vos réactions à la perte de la personne aimée) et votre deuil (faire les réajustements nécessaires pour finalement adapter cette perte dans votre vie).
Apprendre comment vivre votre deuil et votre chagrin sainement afin que vous puissiez vous adapter à la vie en l'absence de la personne aimée n'est pas une tâche simple. Souvent, cela requiert plus de travail et de temps et cela a plus d'impact que la plupart des gens anticipent. Ces 12 conseils vous aideront à mieux comprendre les vraies réalités de votre propre deuil, à répondre plus efficacement à ce que vous y rencontrez et à avoir des attentes plus appropriées envers vous-même en cours de route.
Conseil #1 : Le deuil est personnel et unique.
Votre chagrin est aussi personnel et unique que votre empreinte
digitale; personne d'autre n'aura la même expérience de deuil que vous
et il n'y a pas une façon « correcte » de répondre à la perte.
Il y a littéralement 37 ensembles de facteurs qui influencent le
deuil de tout individu. Ils se combinent pour faire votre propre deuil
distinct de tous les autres — même différent de celui des autres membres
de votre famille qui pleurent la perte de la même personne! Même si une
seule personne est décédée, vous et toute autre personne en deuil de
cette même personne subissez des pertes différentes. C'est parce que
personne ne peut avoir exactement la même relation avec une autre
personne et c'est la perte de cette relation spécifique qui est pleurée
lorsque la personne est décédée. Aussi, c'est parce que jamais deux
personnes n'apportent les mêmes forces et faiblesses à une situation,
les mêmes expériences passées ou le même conditionnement social et
culturel.
Le deuil de chaque personne est déterminé par :
1. La nature et la signification de leur relation particulière avec la personne décédée.
2. Leurs caractéristiques personnelles et leurs expériences de vie.
3. Les aspects particuliers du décès de la personne aimée.
4. La situation sociale les entourant.
5. Leur forme physique.
Compte tenu de toutes les choses qui déterminent les réactions d'une personne, vous pouvez voir pourquoi il n'y a absolument aucun moyen pour quelqu'un d'autre de pleurer ou de vivre le deuil de la même manière que vous. Aussi, pour cette raison, il n'y a pas de façon correcte de répondre à la perte. Bien qu'il existe des processus communs que les gens doivent suivre pour apprendre à vivre sainement avec un deuil important, tout le monde va s'y prendre à sa façon.
Suggestions :
• Ne laissez personne vous dire comment vous devez pleurer et vivre votre deuil.
• Faites attention dans la comparaison de vos expériences avec celles des autres.
Conseil # 2 : Vous faites face à plus d'un deuil.
Avec le décès de la personne aimée, vous faites l'expérience de bien plus qu'une seule perte. Les pertes qui accompagnent ou se développent à la suite du décès de la personne aimée sont appelées pertes secondaires.
Elles ne sont pas nécessairement secondaires en matière de leur importance pour vous, seulement en matière de dépendre du décès de la personne aimée. Les pertes secondaires, comme toutes les autres pertes, peuvent être soit physiques (par exemple, la perte d'une maison parce que vous ne pouvez plus vous permettre d'y vivre) ou psychosociales (par exemple, la perte d'une amitié). Une partie du deuil de la personne aimée signifie identifier et pleurer les inévitables pertes secondaires qui se présentent pour vous en conséquence du décès de la personne aimée.
Pertes secondaires :
• La perte des rôles que la personne aimée a spécifiquement joués
pour vous (par exemple, conjoint, meilleur ami, partenaire sexuel,
confident, cuisinier, co-parent, compagnon de voyage).
• La perte de sens et de satisfaction dans le rôle que vous avez joué dans la vie de la personne aimée.
• La perte de tous les espoirs et de tous les rêves que vous aviez pour et avec cette personne.
Les pertes secondaires dans votre monde supposé
Notez que les pertes secondaires peuvent également se produire dans ce que l'on appelle votre monde supposé. C'est l'ensemble unique d'attentes, d'hypothèses et de croyances que vous aviez autrefois sur la vie, les façons dont il fonctionne, les questions spirituelles et l'existence de vos proches. Avec le décès de la personne aimée, vous perdez toutes les suppositions, les attentes et les croyances qui avaient été fondées sur le fait que la personne aimée était vivante (par exemple, « il sera toujours là pour moi si j'ai besoin de lui » ou « Je deviendrai grand-papa grâce à elle »).
D'autres éléments plus généraux, mais tout de même assez importants, de votre monde supposé qui ne concernaient pas l'existence de la personne aimée peuvent aussi être minés ou défaits par le décès de la personne aimée. Par exemple :
• votre croyance en Dieu
• votre sécurité
• vos attentes à propos de la prévisibilité de la vie et sa justesse
Ce sont des pertes secondaires supplémentaires que vous devez gérer en plus de la perte réelle de la personne aimée.
Suggestions :
• Au fil du temps, identifiez les pertes secondaires qui surviennent
à la suite du décès de la personne aimée afin que vous puissiez les
gérer - elles font partie de votre deuil.
• Travaillez pour réorganiser votre monde supposé dans la mesure où
certains de ses éléments ne sont plus valables ou ont été brisés à cause
de la mort du décès de la personne aimée.
Conseil #3 : Ne sous-estimé pas votre deuil.
La profondeur et l'ampleur de vos réactions aiguës de deuil à la perte de votre bien-aimé ne doivent pas être sous-estimées.
Toute réponse de deuil exprime une ou une combinaison de quatre choses :
1. Vos sentiments à propos de la perte et de la privation qu'elle cause (par exemple, tristesse, dépression, culpabilité).
2. Le résultat de la perte pour vous et votre souhait de le défaire
et de ne pas être vrai (comme la colère, la « recherche » de la personne
aimée perdue, le souci de cette personne).
3. Les effets personnels causés par l'assaut de cette perte sur vous
(par exemple, la peur et l'anxiété, la désorganisation, la confusion et
le manque de bien-être physique).
4. Vos comportements personnels stimulés par tout ce qui précède
(incluant entre autres, les pleurs, le retrait social, l'augmentation de
la consommation de drogues et d'alcool).
Vous pouvez vivre votre deuil :
• Psychologiquement dans vos sentiments, vos pensées, vos souhaits,
vos perceptions et vos tentatives pour améliorer votre bien-être.
• À travers vos comportements.
• Dans votre réponse sociale aux autres.
• À travers votre santé physique.
Souvent, le deuil aigu des premiers jours, premières semaines et premiers mois surprend les personnes en deuil, car :
• il peut être étonnamment intense
• vous faire sentir très différent d'avant
• il peut surtaxer vos mécanismes de défense habituels
• il peut parfois vous laissez complètement dans le brouillard
• il touche habituellement plus d'aspects de votre vie que ce à quoi vous vous attendiez
Par exemple, vous pourriez être surpris de constater que même si vous avez supposé que vous auriez beaucoup de réactions émotionnelles au décès de la personne aimée, vous n'aviez pas prévu que vous auriez de la difficulté à vous souvenir de ce dont vous aviez besoin à l'épicerie ou même comment y aller. Vous pouvez être étonné de découvrir que votre pensée normalement claire est embrouillée, votre humeur ensoleillée habituelle a temporairement disparu, votre souci pour les autres s'est évaporé à ce stade ou que votre facilité à prendre des décisions a disparu pour le moment. Le travail ou les activités personnelles que vous avez aimés pendant des années peuvent maintenant sembler étranges et exiger beaucoup d'efforts personnels, si vous arrivez à y participer. Ceux-ci et une variété infinie d'autres réactions illustrent qu'avec la mort de la personne aimée, pendant un certain temps votre monde — et votre expérience d'y vivre — est plus différent que jamais auparavant
Suggestions :
• Rappelez-vous que c'est un processus et non un état dont vous
resterez prisonnier. Donnez-vous la permission d'exprimer vos réactions
d'une façon qui fonctionne pour vous.
• Acceptez que vos réactions soient très diverses et différentes de
ce que vous aviez anticipé, vous faisant souvent sentir très différent
de votre moi habituel.
Conseil # 4 : Le deuil ne touche pas que vos émotions.
Le deuil ne signifie pas que vous serez seulement triste. C'est un mythe de penser que le deuil perturbera seulement vos sentiments. Le deuil est une expérience « complète » et vous remarquerez probablement qu'il perturbe la majorité ou toutes les sphères de votre vie. Certaines personnes peuvent mieux se débrouiller dans certaines sphères que d'autres (par exemple, vous pourriez être en mesure de le contrôler lorsque vous êtes au travail, bien que vous ayez plus de difficulté à le faire lors de votre retour à la maison). Cependant, il y a beaucoup de personnes en deuil qui ont des difficultés dans toutes les sphères de leur vie.
C'est aussi un mythe de penser que la tristesse est la seule émotion que vous éprouverez. Il y a beaucoup d'autres sentiments qui peuvent être liés au décès d'une personne aimée.
D'autres sentiments que vous pourriez ressentir pourraient inclure :
• l'anxiété
• l'impuissance
• le sentiment d'être submergé
• la peur
• l'envie de la personne aimée
• la colère
• l'impatience
• la culpabilité
• la dépression
• la frustration
• la solitude
• un sentiment d'irréalité
• l'abandon
• la peur de devenir fou
• le soulagement
Vous pourriez aussi faire l'expérience de :
• l'incrédulité
• la confusion
• le manque de concentration
• la désorganisation
• un sentiment d'irréalité
• l'engourdissement
• l'obsession pour la personne aimée
• de la tension
• l'évitement des choses associées avec le décès
• des pensées intrusives et des retours en arrière
• de la détresse spirituelle
• le manque de concentration
• de l'agitation
• un sentiment de vide
Parfois, vous pouvez vous sentir déconnecté des autres avec qui vous avez déjà été proche. À d'autres moments, vous pouvez vous demander « quelle est l'utilité » et souhaiter que vous puissiez mourir aussi. Bien qu'ils ne soient pas anormaux dans l'abstrait, si vous songez sérieusement au suicide ou ne prenez pas soin de vous en vous mettant en danger de mort, de maladie ou de blessures, vous devez trouver une aide professionnelle.
Changements de comportement
De plus, vous pouvez vous attendre à ce que votre comportement soit perturbé pendant un moment. Parmi les nombreuses réactions possibles, vous pourriez constater que vous répondez différemment aux autres. Votre comportement pourrait être plus désorganisé et vous pourriez avoir peu d'intérêt pour les choses qui vous préoccupaient auparavant. Vous pouvez pleurer ou, d'un autre côté, ne pas avoir la capacité de verser une larme. Vous pourriez avoir des problèmes de sommeil et des changements d'appétit; développer des problèmes temporaires dans votre fonctionnement personnel, social et professionnel; et devenir physiquement épuisé ou avoir des symptômes médicaux spécifiques associés au stress, à la dépression et à l'anxiété. Un manque de sentiment de bien-être est commun. Vous devez savoir que la perte d'une personne aimée vous rend vulnérable aux maladies et aux blessures. En conséquence, vous aurez besoin à la fois de vous surveiller et de prendre soin de vous, incluant obtenir des soins médicaux appropriés.
Suggestions :
• Attendez-vous à ce que vous soyez affecté dans tous ou dans plusieurs domaines de votre vie.
• Assurez-vous d'avoir une aide médicale appropriée pour les
réactions de nature médicale et de demander une aide en santé mentale si
vous êtes suicidaire, autodestructeur ou inquiet que vos réactions
soient anormales.
Conseil # 5 : Cela prend du temps.
Votre chagrin aigu vous oblige à dévoiler graduellement la réalité de la perte de la personne aimée, et à réaliser que vous ne pouvez pas saisir ce fait ou ses implications sans avoir suffisamment de temps et d'expériences pour vous l'« enseigner ». Intellectuellement, vous pouvez savoir tout de suite dans votre tête que la personne aimée est décédée. Cependant, il faut beaucoup plus de temps pour vraiment reconnaître cette réalité et l'intérioriser là où cela devient quelque chose que vous pouvez comprendre.
24 heures par jour, sept jours par semaine
Même si ce n'est pas une mort soudaine, mais surtout si c'est le cas, vous devez apprendre que la personne aimée n'est plus là grâce à vos expériences de vous heurter contre le monde en son absence. Cela signifie que le deuil ne se concentre pas seulement sur vos sentiments, mais aussi sur votre compréhension du fait que la personne aimée est décédée et sur votre sens ultime de cette réalité.
La leçon
Chaque fois que vous désirez être et avez besoin d'être avec la personne aimée — de la voir, la toucher, l'entendre, la goûter ou la sentir — et que vous êtes frustré dans votre désir de le faire, vous « réapprendrez » que la personne aimée est décédée. Dans la phase aiguë du deuil, chaque moment de chagrin, chaque pointe de douleur quand votre attente, votre désir ou votre besoin pour la personne aimée n'est pas satisfait, vous amène encore une autre « leçon » que la personne aimée n'est plus là. Vous voulez y résister et faire en sorte que la « leçon » ne soit pas vraie. Comme une habitude que vous ne voulez pas abandonner, vous ne voulez pas laisser aller la personne aimée de votre vie.
Avec le temps
Après avoir fait d'innombrables fois l'expérience d'un besoin non comblé d'être réuni avec la personne aimée, vous apprenez à ne pas avoir besoin de cette personne de la même façon qu'avant. Ce n'est pas un événement tout ou rien. C'est un processus dans lequel vous avez des capacités fluctuantes pour saisir la réalité du décès. Cela se produit jusqu'à ce que, à un moment donné, cela devienne une réalisation permanente pour vous, malgré vos désirs contraires.
Suggestions :
• Comprenez que beaucoup de la douleur de votre deuil vient du fait
que vous devez, pendant une période de temps, continuellement
réapprendre que la personne aimée est décédée.
• Attendez-vous à ce que cela vous prenne plusieurs mois, ou en cas
de décès soudain quelques années, avant que vous ne puissiez vraiment et
définitivement comprendre que la personne aimée est partie et
comprendre les implications de cela (alors qu'en attendant, vous allez
fluctuer dans votre compréhension de celui-ci).
Conseil # 6 : Le deuil n'est pas la même chose que pleurer.
Vous devez faire plus pour faire face au décès de la personne aimée que simplement exprimer vos sentiments. Alors que beaucoup de gens utilisent les termes chagrin (pleurer) et deuil de façon interchangeable, ils ont des significations différentes et leurs distinctions ont des implications importantes pour vous en tant que personne en deuil.
Deuil vs pleurer
• Le chagrin est le processus d'éprouver des réactions à votre perte.
• En comparaison, le deuil est ce que vous faites pour faire face à cette perte survenue dans votre vie.
Alors que le deuil commence avec l'expression de vos réactions de deuil, il doit par la suite inclure beaucoup plus. C'est parce qu'exprimer simplement des sentiments n'accomplira pas ce que vous devez faire, c'est-à-dire faire les changements internes et externes nécessaires pour pouvoir incorporer cette perte dans votre vie de tous les jours et apprendre à vivre avec.
Le deuil exige qu'au fil du temps, vous fassiez une série de réajustements pour faire face, compenser et vous adapter à vos pertes.
Pour faire votre deuil, vous devez réorienter :
• vous-même en matière de votre relation avec la personne aimée
décédée (vous devez passer d'une relation physique ici et maintenant à
une relation abstraite).
• vous-même (vous devez faire les changements que le décès a rendus
nécessaires dans votre monde supposé et dans votre identité).
• votre être dans le monde extérieur (vous devez apprendre à vivre
sainement dans ce nouveau monde sans la présence de la personne aimée).
Un deuil sain signifie aussi que vous réapprendrez le monde en l'absence de la personne aimée et que vous reconstruirez le sens de votre vie à la lumière de ce décès et de ce qu'il vous a apporté. Pour toutes ces raisons, simplement exprimer votre chagrin sans entreprendre les changements nécessaires pour s'adapter à la perte dans votre vie est tout simplement insuffisant pour faire face à un décès.
Suggestions :
• Exprimez vos réactions de deuil, mais reconnaissez qu'il y a plus de travail à faire.
• Avec le temps, travaillez à faire les ajustements nécessaires dans
votre relation avec la personne aimée, en vous-même et dans vos façons
d'être dans le monde extérieur afin que vous puissiez intégrer cette
perte dans votre vie.
Conseil # 7 : Les circonstances de ce décès auront une profonde influence sur vous.
L'un des éléments ayant le plus d'influence sur votre chagrin et votre deuil est le type de décès que votre proche a vécu.
Décès soudain
Dans la mesure où le décès a été soudain et imprévu, vous éprouverez
un type de traumatisme personnel avec votre chagrin. Cela vient du
décès qui vous a pris au dépourvu et non préparé. Une telle mort est
souvent choquante, alarmante et effrayante. Elle augmente les problèmes
et la détresse que vous éprouvez avec la perte, tout en diminuant
temporairement vos capacités d'adaptation et votre fonctionnement
psychologique. En fait, vous avez plus de choses à traiter et moins de
ressources pour vous aider à le faire.
De plus, un décès soudain occasionne :
• des réactions émotionnelles plus vives
• aucune occasion de dire au revoir et de terminer les affaires émotionnelles inachevées
• une plus grande incrédulité
• une concentration sur ce qui se passait dans la relation au moment du décès
• une tendance à repasser dans votre tête, de façon obsessionnelle, les événements conduisant au décès
Si vous croyez que le décès de la personne aimée aurait pu être évité, vous pouvez ressentir le besoin de déterminer la responsabilité et d'obtenir une punition appropriée pour ceux qui sont jugés fautifs.
Une maladie mortelle
Perdre une personne aimée d'une maladie mortelle ajoute des problèmes à votre deuil. Vous avez peut-être subi un type spécial de traumatisme lorsque vous avez combattu la détresse de séparation évoquée par votre présence lors du décès de la personne aimée. Vous pouvez être encore plus traumatisé si vous avez été exposé à des stimuli horribles (comme des vues, des odeurs, des sons) pendant la maladie ou si vous avez été confronté à des émotions accablantes (anxiété, culpabilité, tristesse, dépression, colère, impuissance) ou des demandes conflictuelles (par exemple, prendre soin de la personne aimée mourante tout en essayant de prêter attention aux autres membres de la famille).
Si, pendant la maladie, vous aviez le désir compréhensible que cela se termine ou si vous aviez prié pour un répit et un soulagement, après le décès vous pouvez vous sentir coupable si vous n'appréciez pas la normalité de ceci. La durée, le cours et les exigences spécifiques de la maladie peuvent vous avoir épuisé psychologiquement, socialement, physiquement et financièrement. Vous ne savez peut-être pas quoi faire de votre vie maintenant que vous n'êtes plus un proche aidant pour une personne mourante.
Suggestions :
• Si votre proche est décédé subitement, trouvez de l'aide pour
surmonter le traumatisme personnel que vous avez vécu et les réactions
supplémentaires que vous avez.
• Si la personne aimée est décédée d'une maladie, développez une
idée précise de la façon dont la maladie peut affecter ceux qui restent
et cherchez des façons de rejoindre le monde si vous aviez passé
beaucoup de votre temps à prendre soin de vous.
Conseil # 8 : Votre deuil ne se déroulera pas dans une séquence fixe.
Vos réactions au chagrin ne diminueront pas nécessairement de façon constante au fil du temps ou ne seront pas chose du passé en une année et elles ne manqueront pas de revenir une fois qu'elles se seront calmées. En dépit des croyances populaires, il n'y a pas une suite standard d'étapes à travers lesquelles vous devez passer dans votre deuil. Certes, certaines réactions en précèdent d'autres (par exemple, si vous ne reconnaissez pas la réalité de votre perte, alors vous n'avez rien à pleurer). Cependant, pour la plupart, il n'y a pas de séquence rigide qui se déroule. Parallèlement à cela, il est faux de croire que les réactions de deuil diminuent nécessairement d'intensité en ligne droite au fil du temps.
Les hauts et les bas
Selon les circonstances du décès de la personne aimée et de votre propre situation de deuil, votre chagrin peut fluctuer énormément. Il peut y avoir des hauts et des bas, des rebondissements et des absences et des présences de différentes réactions au fil du temps. Souvent, les personnes en deuil peuvent croire à tort qu'il y a quelque chose qui ne va pas avec elles lorsqu'elles se sentent plus mal après s'être senties mieux pendant un certain temps. Habituellement, cela reflète simplement qu'elles sortent du choc, leur prise de conscience croissante de la réalité du décès ou le fait que les autres n'offrent plus le soutien comme elles le faisait auparavant.
Parce que les différents deuils ont des déroulements si différents, il est important que vous obteniez des informations précises avant de supposer que vous n'êtes pas normal parce que vos réactions ne diminuent pas de façon constante.
Il existe deux autres mythes à propos des réactions de deuil.
1. Elles doivent être terminées en un an.
Il n'y a rien de magique au sujet de la période d'un an que tant de gens pensent à tort être la fin de votre deuil. Vos réactions de deuil disparaîtront quand il sera temps pour elles de le faire dans votre situation unique, pas seulement parce que 365 jours se sont écoulés. Pour certaines personnes en deuil, cela aura représenté suffisamment de temps; pour d'autres, cela ne sera pas le cas.
2. Une fois que vos réactions douloureuses aiguës ont disparu, elles ne reviendront pas.
Même après que vos réactions douloureuses aiguës aient disparu depuis longtemps, il est possible dans le futur d'avoir, lorsque certaines expériences les catalysent, ce que l'on appelle des « recrudescences temporaires subséquentes de chagrin » ou des réactions RTSC (STUG en anglais). Ce sont de brèves périodes de chagrin intense pour la perte de la personne aimée qui sont stimulées par quelque chose qui souligne son absence ou ressuscite des souvenirs du décès de la personne aimée ou de vos sentiments à propos du décès. Tout le monde peut s'attendre à en avoir dans la vie après le décès d'une personne aimée. Alors que parfois elles peuvent signaler des problèmes, bien plus souvent elles font simplement partie de la vie normale lorsque nous avons perdu une personne aimée.
Suggestions :
• Donnez-vous la permission de voir vos réactions se dérouler sans
penser automatiquement que vous reculez si vous vous sentez mal après
vous être senti mieux.
• Intégrez dans votre vision à long terme que vos réactions de deuil
peuvent durer plus d'un an et qu'il y aura des moments, longtemps après
que vous avez cessé d'être dans le moment aigu, que vos réactions de
deuil seront temporairement ressuscitées par des événements de la vie.
C'est une partie normale de la vie avec le deuil d'une personne aimée.
Conseil # 9 : Le deuil sain ne signifie pas « abandonner » la personne aimée décédée.
Dans notre société, il existe un curieux phénomène. D'une part, nous avons des relations avec des personnes décédées tout le temps. Nous apprenons des personnes mortes de l'histoire, sommes influencés par eux dans la philosophie et sommes émus par eux dans les arts. Nous avons des célébrations pour nous souvenir d'eux, dédions des bâtiments en leur honneur et visitons des musées pour voir comment ils vivaient. Dans presque tous les aspects de nos vies, nous sommes dans une « relation » avec les personnes décédées.
Le double standard
D'un autre côté, on nous dit que nous devons « continuer notre vie » et « laisser aller et oublier le passé ». Il semble que dans la société occidentale, il soit acceptable d'avoir une relation avec une personne décédée tant que vous ne la connaissez pas personnellement. C'est pourquoi vous pourriez être critiqué pour avoir montré une certaine photographie de la personne décédée, mais qu'il est permis d'avoir le visage de la princesse Diana sur une plaque commémorative accrochée à votre mur. Clairement, il y a un double standard.
Vous n'avez pas à oublier la personne que vous avez aimée et perdue. Être une personne qui vit son deuil sainement ne signifie pas que vous devez couper tous les liens avec la personne aimée décédée. Les liens qui doivent être coupés, au fil du temps, sont ceux qui vous avaient attaché à la personne aimée quand elle était vivante et ceux qui relient les personnes vivantes les unes aux autres. Par exemple, il n'est pas approprié que vous vous attendiez continuellement à ce que la personne décédée s'occupe de vous maintenant comme elle l'a fait dans le passé. Vous pouvez avoir un lien sain avec la personne aimée, même si cette personne est décédée, à condition que ce lien en soit un qui :
1. reconnaît vraiment la réalité du décès de la personne aimée et quelles sont les implications pour vous
2. ne vous empêchent pas d'avancer de manière adaptative dans votre nouvelle vie
Comment avoir des relations saines avec la personne aimée décédée :
• parlez de la personne
• agissez sur leurs préoccupations et leurs valeurs
• pensez à elle
• considérez ses sentiments et ses points de vue sur des questions quand des actions sont nécessaires
• identification appropriée avec la personne décédée
• utilisez des objets tangibles (comme des photos, des vidéos, des
souvenirs, des vêtements, des objets précieux ou des bijoux) pour
symboliser son existence dans votre vie
• priez pour elle
• pensez à vos souvenirs
• aimez et profitez de la vie parce que vous l'avez connue et aimée
• entreprenez des actions pour vous assurer qu'on s'en souvient ou que quelque chose de significatif ressorte de son décès
Suggestions :
• Découvrez des façons saines et personnellement significatives pour
vous de maintenir des liens appropriés avec la personne aimée, en
reconnaissant que d'autres peuvent penser que c'est malsain.
• Si c'est important pour vous, cherchez des façons de prendre des
mesures qui peuvent maintenir en vie socialement de façon constructive
la mémoire de la personne aimée.
Conseil # 10 : Les autres ne comprendront pas.
Les autres ne comprendront pas nécessairement ce que vous vivez ou ne sauront pas comment vous aider et vous soutenir. Malgré le fait que les gens ont perdu des êtres chers depuis le début des temps, la race humaine n'est pas toujours très efficace pour consoler et soutenir les personnes en deuil. Cela signifie que même si vous êtes en deuil, et peut-être extrêmement débordé et épuisé, vous devrez souvent être le seul à mobiliser de l'énergie pour informer ceux qui vous entourent à propos de ce que vous vivez et comment ils peuvent vous être utiles. De plus, parce qu'il y a tellement de désinformation à propos du deuil et du chagrin, vous devez aider ces individus à se débarrasser des fausses notions afin qu'ils puissent mieux comprendre.
Ceci n'est pas pour vous décourager, mais pour vous permettre de mieux comprendre pourquoi certaines personnes ne font peut-être pas ce dont vous avez besoin et pourquoi leurs attentes envers vous peuvent être si déformées. La plupart des erreurs commises par autrui qui vous blessent découlent d'une combinaison de malentendus au sujet de votre expérience et d'une tentative de se protéger de la conscience de ce que vous subissez parce que c'est simplement trop douloureux ou effrayant pour eux.
Suggestions :
1. Demandez aux autres ce dont vous avez besoin.
2. Ne vous attendez pas à ce que les autres sachent quels sont vos besoins et quelles sont vos limites.
Conseil # 11 : N'ignorez pas les enfants.
Parce que les enfants ne répondent pas exactement comme les adultes, cela ne signifie pas qu'ils n'ont pas besoin d'être informés du décès ou d'être inclus dans les activités de la famille et les discussions autour de ce dernier. Constamment, les gens sous-estiment les besoins de leurs enfants quand il s'agit de deuil.
Hypothèses incorrectes à propos des enfants en deuil :
• Ils ne comprennent pas.
• Ils n'ont pas besoin de participer.
• Ils peuvent facilement être rejetés du sujet.
• Ils sont relativement inconscients de la détresse subtile et pas si subtile des autres.
• Ils ne pensent pas et ne s'inquiètent pas de la mort et de ses implications pour eux et leurs proches.
Bien trop souvent, cela se traduit par le fait que les enfants ne reçoivent pas la communication, l'information et le soutien nécessaires pour les aider à affronter leur propre chagrin et leur propre deuil et celui des autres.
S'il est vrai que les enfants diffèrent des adultes à bien des égards et qu'ils ont besoin que les adultes répondent à leurs besoins de deuil en fonction de leur niveau de développement, il est aussi vrai que les enfants et les adultes ont beaucoup de choses en commun. Parmi celles-ci figure la nécessité que leurs pertes soient reconnues et le besoin d'avoir le soutien et les ressources qui peuvent le mieux les aider à faire face à leurs réactions liées au décès de la personne aimée.
Informez-vous
Il est au-delà de la portée de cet article de vous informer en profondeur sur les besoins et les expériences des enfants en deuil. Il suffit de dire qu'il est crucial que les adultes présents dans la vie d'un enfant soient conscients de la situation de deuil de l'enfant et y répondent de manière appropriée. Faire autrement peut interférer non seulement avec un deuil sain, mais aussi avec le développement global sain de l'enfant. Il est également essentiel que les adultes restent conscients que l'un des déterminants les plus importants du deuil et du chagrin d'un enfant est la façon dont les adultes qui s'occupent de lui sont affectés par leur propre deuil. Pour ces raisons, il est important que vous recherchiez, auprès d'un médecin, d'un membre du clergé, d'un conseiller, d'un directeur de funérailles ou d'un éducateur, des informations sur les enfants en deuil et comment les aider. Souvent, des groupes de soutien réputés ont également cette information.
Suggestions :
• Sachez que les enfants vivent le deuil et pleurent et que vous
devez trouver les moyens les plus efficaces de les soutenir.
• Incluez de manière appropriée les enfants dans les rituels (comme
les funérailles, les services commémoratifs et les cérémonies
religieuses), les activités familiales et les conversations concernant
la personne aimée décédée, mais assurez-vous de le faire à des niveaux
adaptés à leur âge.
Conseil # 12 : Plusieurs personnes ont une fausse idée de ce que signifie « rétablissement ».
Même si vous avez du chagrin et êtes en deuil de la manière la plus saine possible, il y aura toujours une cicatrice émotionnelle qui marquera la perte de la personne aimée. Apprendre à vivre sainement avec cette cicatrice est la meilleure chose à laquelle une personne en deuil puisse s'attendre. Comme les cicatrices physiques, la cicatrice du décès de la personne aimée révèle qu'il y a eu une blessure, mais elle n'a pas à interférer avec le fonctionnement courant. De plus, comme les cicatrices physiques, dans certaines occasions il peut y avoir de la douleur (par exemple, si vous frappez la cicatrice ou le temps est mauvais), mais en général elle ne fait pas mal.
« Rétablissement » est un terme relatif
Le « rétablissement » après le décès d'une personne aimée doit être mis entre guillemets pour illustrer qu'il s'agit d'un terme relatif. Cela ne signifie pas une fin définitive dans laquelle vous complétez votre deuil et qu'il ne refera jamais surface. Il y aura de nombreuses fois au cours de votre vie où vous expérimenterez les réactions mentionnées précédemment et celles-ci seront appropriées et prévisibles.
Ce n'est pas une fermeture
Une fermeture c'est pour des négociations d'affaires et les comptes de banque. Ce n'est pas pour une perte majeure, où le cœur et l'esprit reflètent généralement la notion d'oubli de la personne aimée et cherchent à apprendre à vivre avec la perte et à ajuster notre vie en conséquence de l'absence de la personne décédée, mais pas oubliée. Cela ne veut pas dire que vous auriez choisi cette perte ou que vous y étiez resté insensible, seulement que vous n'avez plus à la combattre. Vous le prenez dans le sens d'apprendre à vivre avec elle comme un fait incontournable de votre vie. Comme plusieurs personnes en deuil, vous pouvez décider que quelque chose de bien ressortira de votre perte. C'est une autre façon de donner un sens positif à ce qui a été un événement négatif.
Suggestions :
• Cherchez des façons spécifiques de transcender cet événement. En
d'autres mots, travaillez à faire que quelque chose de bien en sorte.
• En fin de compte, intégrez sainement cette perte et ses effets sur
vous dans votre histoire de vie, mais faites en un chapitre — peut-être
le plus grand et le plus touchant — et non pas le livre au complet,
comme cela peut être au début.
À propos de l'auteur
Dr Rando est psychologue clinicien à Warwick au Rhode Island et le
directeur clinique de « The Institute for the Study and Treatment of
Loss », qui offre des services en santé mentale de psychothérapie, de
formation, de supervision et de consultation. Depuis 1970, elle a fait
de la consultation, mené des recherches, offert de la thérapie, écrit et
donné des conférences à l'échelle internationale dans des domaines liés
à la perte, au deuil, à la maladie, à la mort et au traumatisme.
Dr Rando est titulaire d'un doctorat en psychologie de l'Université
du Rhode Island et a suivi une formation avancée en psychothérapie et en
consultation médicale-psychiatrie de liaison à la faculté de médecine
de la Case Western Reserve University et de la University Hospitals of
Cleveland. Dr Rando a publié 70 ouvrages sur les aspects cliniques de la
thanatologie et siège aux conseils de rédaction de « Death Studies » et
d'« Omega ».
Dr Rando a reçu de nombreux prix pour ses contributions dans le domaine de la thanatologie et est apparue sur de nombreuses émissions de télévision, comme « Dateline », CBS « This Morning », « Today Show », « Good Morning, America », « CNN & Time », CNBC « Upfront Tonight » et « The Oprah Winfrey Show ». Elle a, entre autres, écrit des commentaires pour le Washington Post, le Wall Street Journal, le New York Times, USA Today, Newsweek et U.S. News and World Report.