Née le 22 juin 1922 à Rozendaal (Pays-Bas), un lieu de rêve qui l’a marqué toute sa vie, Henriette passe une enfance et une adolescence à absorber cette atmosphère de beauté tranquille. Dans cet univers, il y a une ombre au tableau: ses parents sont absents. Sa soeur aînée les remplace. Quelques années plus tard naît Féki, son frère cadet.
À peine l’adolescence terminée que la Seconde Guerre Mondiale éclate. Henriette fait ses examens finaux alors que les bombes tombent sur son lycée à Arnhem… Elle commence des cours aux beaux-arts, mais on ne trouve pas cela pratique pour les temps modernes et on l’oblige à suivre des cours en économie familiale qu’elle fut loin de prendre au sérieux. De toute façon, la Guerre de 1939 à 1945, était une plus grande préoccupation. Elle partageait son temps entre Rozendaal et Rossum où était sa mère. Près de l’Allemagne et des cours d’eaux qui joignent les 2 pays, les Alliés comme les Allemands se concurençèrent en lançant des bombes à qui mieux, mieux, surtout vers la fin de la Guerre. Henriette se déplace avec son frère et sa mère de fermes en fermes pour les éviter, se déplaçant à bicyclette avec des roues en bois… Mais son moral est de fer malgré le fait qu’elle savait que sa vie ne tenait qu’à un fil jusqu’à ce que les troupes Alliées, en particulier les Canadiens, libèrent son pays.
Après tout ce tumulte, elle fait la rencontre d’un militaire canadien, Capitaine Maxime Joubert, à un bal donné en l’honneur des Canadiens. Sa division était postée pas loin, de l’autre côté de la frontière, en territoire allemand occupé. Il se développe alors une amitié profonde. Puis Maxime repart dans son pays et Henriette, après son cours de secrétariat d’ambassade terminé, part pour l’Amérique et s’installe à Washington. Maxime qui habite Montréal est un homme sérieux et veut qu’Henriette connaisse non seulement ses parents mais le climat de son pays et l’invite en hiver. L’amour se charge des obstacles et Henriette adopte pleinement le pays, la langue, la religion et son climat. Ils se marient un 1er mai 1948 à Washington, D.C. entourée de la famille canadienne et des amis de Washington.
Henriette s’enthousiasme pour son pays d’adoption. Elle aime accompagner son mari dans ses voyages dans le Nord quand cela lui est permis. Puis la petite famille s’installe à Québec et le 8 octobre 1949 naît Willem suivi d’Alexine 3 ans plus tard, le 20 octobre 1952. Que de bons souvenirs ils auront à Québec. Henriette insiste pour qu’on parle le français à la maison. Elle accueille également ses beaux-parents en espérant créer des liens de famille.
Pendant que Maxime devait régulièrement s’absenter pour travailler dans le Nord où se développait l’industrie lourde, Henriette tenait le fort! L’hiver, quand il revenait à la maison, elle sortait les skis et entraînait la famille sur les Plaines d’Abraham. Avec Henriette, pas question de s’ennuyer. Que de merveilleux souvenirs de camping, picnique, de baignades, de patinage sans oublier les nombreuses visites au Jardin Zoologique de Québec où Henriette allait dessiner avec ses enfants et leurs amis. Une année, elle s’est vue attribuer le premier prix du Jardin Zoologique pour son Portrait d’une famille de singes (pastel). À chaque fois que l’occasion se présentait, elle dessinait. Que ce soit au terrain de courses pour chevaux, au cirque ou encore en voyage de camping à l’Ile du Prince-Édouard. Tout était prétexte pour dessiner. Cette communion avec la nature était toujours présente en elle.
Expo 1967, date qui a marqué les Québécois et plus particulièrement les Montréalais mais aussi la famille Joubert qui déménageait à Beaconsfield. Cette année là fut l’occasion pour elle de marier ses 2 passions, c.a.d., les chevaux et le dessin/peinture. Les cavaleries de plusieurs pays étaient présentes et fières de montrer leurs couleurs. Henriette était là en train de dessiner les chevaux. Elle est remarquée et plusieurs lui demandent un portrait de leur cheval préféré. Elle y consacre son temps, en particulier pour les chevaux de l’Ecole de Vienne, de la Cavalerie de la Reine (d’Angleterre) mais aussi pour ceux de la Royal Canadian Mounted Police. Et c’est à travers l’histoire du RCMP qu’elle se passionne pour l’Histoire du Canada et tout particulièrement pour l’époque des traités de paix avec les diverses nations indiennes. Elle s’en inspire pour créer des tableaux illustrant leurs rencontres. Ces tableaux font actuellement partie de la collection du Musée du RCMP à Ottawa. De plus elle donne sa collection de livres sur les échanges entre les deux nations (indienne et canadienne) à une école du village huron près de Québec.
Henriette n’oublie pas les libérateurs de son pays d’origine, les soldats canadiens. Pendant 30 ans, elle sera bénévole à l’Hôpital des Vétérans à Ste Anne de Bellevue. Elle y découvre des talents et entre autres, fonde un orchestre, les “Swinging Vets” qui pendant quelques années joueront non seulement à l’Hôpital mais se déplaceront pour différentes manifestations dans la région. L’orchestre suscite jusqu’à la curiosité des media télévisés.
Depuis son enfance, Henriette voulait son cheval. Ce rêve se réalise à la maturité avec Fantôme et Shandy, des chevaux “à la retraite” puis Brighten Up qui fut son fidèle compagnon jusqu’à la fin. Elle partagea aussi sa passion avec ses petits-enfants, Guillaume et Marie-Astrid, et aurait aimé voir son arrière-petite-fille Eléonore suivre ses pas. Henriette prit sa retraite de cavalière à 84 ans.
Rozendaal, lieu de son enfance a été la source de son inspiration. A son 80ième anniversaire, Henriette y expose solo avec plus de 22 tableaux, inspirés par ses souvenirs d’enfance. Sa famille, ses amis et les gens de Rozendaal reconnaissent l’atmosphère des lieux et tous ses tableaux sont vendus.
En 2002, après le décès de son cher Maxime et pendant 12 années encore, jusqu’à dernièrement, elle a pu poursuivre une bonne vie. Au début, accompagnée de son cheval Brighten-Up elle a connu le bonheur des randonnées dans la forêt. Puis, avec son chien Eddy et sa fille Alexine, elle a profité de la belle nature à l’Ile du Prince-Édouard et dans les Cantons de l’Est. Que d’heures de tranquillité à apprécier mère nature en essayant de la reproduire par de nombreuses esquisses et quelques tableaux!
Pendant toutes ses années, Henriette a eu le bonheur de voir sa famille grandir et s’agrandir autour d’elle et de partager tant de moments heureux avec tous. Sa vivacité d’esprit la rendait accueillante pour tous ceux qui la côtoyaient, amis ou proches.
Elle a aimé la vie et elle a su nous transmettre cet amour.
Bon voyage Hetta!
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v.1.8.18