TEXTE À LA MÉMOIRE DE MICHEL PETITOT
(Texte lu par Denis à la cérémonie du 14 mai 2016)

Michel Petitot naît le 5 avril 1928 à Ferrières, petit village de France. Michel est né au 4e rang d’une famille de 7 enfants.  À cette famille s’est jointe notre chère Georgette.
Vivre sur une ferme, en temps de guerre, a ses avantages. À cette époque, on y produisait l’essentiel à la vie : fruits, légumes, pains, viandes. Et oui on produisait assurément du vin et de l’alcool de Mirabelle. Il n’y avait pas de «beefsteak», mais les 11 personnes à table, incluant la grand-mère paternelle, ne manquaient de rien.
Michel est un enfant décrit comme étant expressif et vif. Son frère Gilbert, aujourd’hui âgé de 90 ans, ne manque pas de souvenirs à raconter. Si certains sont très drôles, d’autres sont émouvants. 
Le 1er mai, à la Sainte-Catherine,  Michel grimpait sur les toits des maisons pour «décorer» les cheminées où habitaient des jeunes filles célibataires.   S’il y plaçait des branches de cerisiers, cela annonçait la présence d’une fille un peu volage. Imaginez- le, se faisant pourchasser par les pères de ces jeunes filles. 
À l’été 1940,  Michel et un copain sont ramenés au village escorté par des Allemands. C’est la panique dans le petit village, cris et pleurs, Michel a été pris en possession d’une arme.  Au moment de l’invasion de la France par les Allemands, on retrouvait fréquemment, munitions et armes abandonnées dans les campagnes par les troupes françaises.  On craint pour la vie de Michel qu’on menace de fusiller, il se retrouve dos au mur. Un villageois parlant allemand est appelé à la rescousse. Il parlementera avec les Allemands afin d’obtenir leur clémence. Cet homme aura assurément sauvé la vie de Michel alors qu’il n’avait que 12 ans. 
On peut croire que Michel aura eu la peur de sa vie, mais cela ne l’a pas arrêté.   
Son frère Gilbert nous raconte  qu’à l’adolescence, la bande de jeunes âgés de 15, 16, 17, 18 ans partait au village voisin pour voir du cinéma. À la fin de la soirée, 10 km à faire pour rentrer à la maison, à bicyclette sans véritables pneus, sur les routes de l’époque… tout ça à 15 minutes du couvre-feu…  La mère de Michel inquiète disait : «Attention à la rafle des Allemands!».
 À la moindre lueur de phare d’auto, toute la troupe de jeune se retrouvait aplati, caché dans les fossés. Non, Michel et la bande n’avaient peur de rien.
C’est à l’âge de 20 ans que Michel et Cécile se rencontrent, lors d’une sortie au cinéma avec des amis.  La copine que Michel devait rejoindre ne s’était pas présentée. C’est le début de leur histoire d’amour.
Le jeune couple trouvait le moyen de se voir même durant le service militaire de Michel.  Michel quittait la ville de Metz, naturellement sans aucune permission, pour aller rejoindre sa Cécile.
Cécile et Michel se marieront en septembre 1949 et habiteront quelques mois sur la ferme de la famille Petitot. Ils ont 21 ans.
Michel, diplômé charpentier menuisier, travaillait dans la grande ville de Nancy. À cette époque, une propagande soutenue parlait de l’argent facile à faire en Amérique.  On racontait qu’il suffisait de se pencher pour ramasser des billets de banque. De nombreux français, dont Marguerite, la sœur de Cécile, et Georgette sœur de Michel, vont prendre la décision de traverser l’atlantique.  Cécile et Michel étaient prêts pour la grande aventure. 
Ils montent à Paris pour des tests médicaux   «on ne prenait pas n’importe qui».   Ils obtiennent rapidement leur passeport.
Michel part le premier pour le Canada et Cécile, quelques mois plus tard viendra le rejoindre avec un autre groupe d’aventuriers.  7 jours de bateau et 2 jours de train pour se rendre à Kapuskasing dans le nord de l’Ontario.
Le premier travail de Michel fût dans un camp de bucheron. Débrouillard comme pas un, il s’était organisé pour faire engager Cécile comme «cookie» (aide cuisinière).  Cela leur permettait de vivre ensemble dans une annexe, construite par Michel, à même le camp alors que les autres hommes devaient attendre les jours de congé pour retourner au village rejoindre leur femme.
À l’arrivée du printemps, ils retourneront au village rejoindre des dizaines de familles d’immigrants qui comme eux participent à la construction de la ville.
À l’automne 53, à Moonbeen, Ontario, Cécile donne naissance à Claude.
Michel commence son travail de menuisier dans les grands chantiers de construction canadiens.  C’est le début d’un «bon travail».  À cette époque, les employés qualifiés étaient fortement sollicités.  C’est ainsi qu’un grand «boss» demande à Michel;
«Tu sais comment lire des plans….alors viens travailler pour moi».
Au début de leur aventure, les déplacements se faisaient rapidement.  Vivant dans des «meublés», en peu de temps ils quittaient un endroit pour un autre. C’est ainsi qu’ils passèrent de Kapuskasing à Latuque puis à Sturgenfall endroit où naquit Patrick au printemps 56.
Michel quittera l’Ontario pour le Manitoba et participera à la fondation de la ville de Thompson.  On construit les premières maisons, ce qui permettra à Cécile de venir le rejoindre avec Claude et Patrick quelques mois plus tard. 
C’est à Thompson que Cécile donne naissance à Denis à l’automne 59. 
Nouveau départ…Toronto pour l’agrandissement de l’aéroport Pearson.  Naissance de Martine durant l’été 61 à Downsview.
De villes en villes, de chantiers en chantiers, Michel était heureux d’avoir autant de si grandes responsabilités.  Il était toujours prêt à quitter pour une autre aventure, une autre ville.  Il adorait la vie en communauté et en groupe, ce qu’ils retrouvaient peu importe l’endroit où ils allaient.  Il nous disait qu’il était impossible de s’ennuyer à cette époque : fêtes, pique-niques, pêche, repas, rencontres,  rendaient sa vie des plus comblées.  Il était sociable et a lié de fortes amitiés qu’il a conservées durant de nombreuses années. 
Au début des années 60, Michel se retrouve sur des chantiers à Montréal.  Des proches lui proposent de visiter une maison à vendre,  voisine de leurs amis français, les Boton, dans la ville de Jacques Cartier (Longueuil) quartier où il pourrait s’installer avec Cécile et les 4 enfants qui sont toujours à Toronto.
C’est lors d’un appel téléphonique que Michel apprendra à Cécile qu’il a acheté une maison qu’elle n’a jamais vue dans une ville qu’elle ne connaît pas. 
« Cécile on ne sera pas loin de ta sœur Marguerite qui habite à Montréal. Et si tu ne l’aime pas la maison, on pourra toujours la revendre.» 

Lorsque au début de l’année 1965, Michel part pour travailler à Sault Ste-Marie aux États-Unis,  Cécile prend la décision de ne pas repartir…«il faut se placer, les enfants grandissent».  C’est Michel qui reviendra régulièrement auprès de sa petite famille tout au long de ces 2 années de travail fait là-bas. 

À la fin de ce contrat, Michel qui est «super intendant» pour la «Mc Namara  Construction Compagnie» est à nouveau fortement sollicité pour un lucratif contrat.  Il décidera avec Cécile de refuser l’offre de déménager …  en Californie. 
Michel reviendra définitivement s’installer en 1968 avec sa petite famille. Il travaillera alors pour différents employeurs puis sera inspecteur en construction durant 20 ans pour la ville de Longueuil. 
Le 7 mai 1992, c’est le début de leur retraite et des hivers en Floride. Pique-niques à la plage avec les amis, parties de pétanque. C’est là-bas pour aider un ami à jouer à la pétanque qu’il eut l’idée et inventa son fameux «gobe-boule». On se dispute toujours à savoir qui a trouvé le nom. Je profite de cette tribune pour dire haut et fort que c’est moi.  
Les années 2011 et 2012 furent de grosses années,  vente de la maison, déménagement, apparition de la maladie de maman suivie de son départ en mars 2012. 
Les 4 dernières années ont été pour nous ses enfants, des années riches de moments privilégiés partagés avec lui. Notre père nous a laissés entrer dans sa vie et s’est ouvert à nous en nous partageant ses émotions, ses opinions, sa vie, ses souhaits, son quotidien…
Il était toujours heureux de nous voir et nous en avons profité pleinement. Ces dernières années nous aurons permises de découvrir notre père sous un autre jour.
Mercredi 27 avril 2016 Michel a pris ses derniers rayons de soleil, il a pris son fameux vin rouge, en cette fin de vie, tout lui était permis. À bout de souffle, il a accepté de prendre un peu d’oxygène, il voulait profiter de cette belle journée. 
Le soir en le quittant nous avions planifié nos prochaines journées avec lui, mais il en avait décidé autrement. Le 28 avril, il s’est retrouvé à nouveau face au mur et cette fois-ci, il a lâché prise. Il a eu la force de réclamer la présence de ses 4 enfants. Il a tenu bon, en silence, quelques heures de plus le temps d’un dernier adieu. 

C’est un homme aimé et accompagné de ses proches qui, le visage en paix, a expiré son dernier souffle le 29 avril 2016, ici en Amérique. 

Texte : Denis Petitot, Michel Petitot, Gilbert Petitot


Poème pour mon tonton Michel

A ses heures acteur
Et aussi un peu frondeur
Mais pas du tout moqueur
Artiste, surtout inventeur
Très bon bricoleur

Avec Cécile,vous avez parcouru un bout de la  terre
Parfois un peu galère
Mais jamais dans la misère
Avec votre savoir faire
Vous avez toujours été des bons gestionnaires

Malgré la distance
Vous n'avez jamais oublié la France
Revenant voir notre grand-mère si attachante
Mais vous si accueillants
N'hésitant pas à recevoir 11 envahissants

Avec votre grand cœur
Vous avez élevé 4 enfants avec honneur
Tout cela dans la bonne humeur
Étant fiers de leur vigueur
Et 6 petits enfants faisant votre bonheur

Mon tonton « préféré »
Au cours de ces dernières années
Les épreuves ne t’ont pas épargnées
Mais tu as su les affronter
Avec courage en sachant garder ta dignité
Nous ne pourrons jamais t'oublier
Tu resteras dans notre cœur  à tout jamais
Avec le souvenir d'une personne pleine de générosité.
Adieu mon « tonton préféré »


Hommage à papa
Papa, un homme de peu de mots, qui commençait souvent ses phrases par ; je vais te dire juste une chose (en nous pointant son index) et il commençait à nous faire valoir son point de vue. Papa avait une opinion sur tout, un homme vif d’esprit, un bon sens de l’humour, quand on ne riait pas de lui, évidemment. 
Pour ceux qui ont bien connu notre papa, on ne se le cachera pas, il avait du caractère et tout un caractère. J’en profite car il ne peut plus dire : HEY toi, qu’est-ce que tu racontes. Je disais donc, qu’il était susceptible par moments, têtu régulièrement, entêté de temps en temps mais aimant tout le temps.
La devise de papa : Divise par 4. 
C’est toujours ce qui a été prioritaire pour lui, il nous a toujours traités à part égale. Chacun de nous avait sa place, mais lui,  toujours  LA PREMIÈRE PLACE.
Sa porte était toujours ouverte pour nous, un paradoxe, j’ai réalisé dernièrement, que chacun de nous, avait la clé de sa maison, mais la porte n’était jamais barrée !
Plusieurs d’entre  vous ont bien connu notre papa. Il a été un homme d’une grande rigueur tout au long de sa vie. Il a été un guide de vie pour nous, c’était un combattant, une force de la nature, un homme impliqué, il allait toujours au bout des choses. Un homme persévérant,  il aimait diriger sa marmaille il voulait faire passer ses messages. Si on n’était pas d’accord avec lui, il était ouvert pour la négociation, en autant qu’on dise comme lui !
Que dire de ses petits-enfants, ils étaient sa richesse et sa fierté. Ils ont eu droit eux aussi, aux recommandations face à la vie. Combien de fois il leur a dit FONCE, faut pas avoir peur, c’est comme ça que l’on réussit.
Après le départ de notre maman, il s’est retrouvé face à une vie qu’il n’avait jamais connue. Apprendre a 84 ans, a organiser son quotidien, les tâches ménagères et tout le reste, c’était pour lui du jamais vécu, mais il a appris, il voulait être autonome et indépendant. Je me rappelle un jour, je faisais du lavage pour lui, et il vient me voir et il me dit montre-moi comment faire ! Je lui explique comment fonctionnent sa laveuse et sa sécheuse. Quelques semaines plus tard, il nous dit je ne sais pas ce qui se passe, j’ai la peau sèche, ça pique. As-tu changé ton savon douche ? Non ! C’est bizarre et là, la grande question ! Papa vient me montrer combien de savon à linge tu utilises ! Et OUI! On a eu notre réponse ! Papa regarde c’est écrit sur la bouteille 34 brassées, pas 3,4 : je vous l’ai dit sa devise, divise par 4. Je blague mais c’est juste pour dire, que j’ai appris, qu’il n’y a pas d’âge, pour apprendre, s’ajuster, et continuer…. 
Nous l’avons accompagnés, mes frères et moi, à vivre ses belles dernières années, même si parfois ce fut difficile pour lui et pour nous. Il est resté un combattant, il a réappris à vivre autrement, avec ses amis de la Résidence Les Fontaines. Entre autres Aline, qui lui a apporté des jours plus agréables face à la solitude et son ami Marcel avec qui il a été très complice.
Il en a profité le plus possible, en s’impliquant dans différents comités. Jusqu’au jour où le diagnostic est tombé. Cancer des poumons phase terminale, la question : il me reste combien de temps ? Entre 6 et 9 mois ! Réunion familiale s’impose, papa nous annonce qu’il ne veut pas de traitement de chimio. Son questionnement ultime, j’espère que vous ne me trouvez pas lâche de ne pas suivre de traitement. Notre réponse fut la suivante, papa au contraire il faut du courage, pour prendre ce genre de décision.
Et là, tout a déboulé, papa dis-nous qu’est ce qui te ferait le plus plaisir et il nous a fait part de plusieurs de ses souhaits. 
Nous sommes chanceux, car il a été capable de tous les réaliser, ou presque. Car la famille Petitot va s’agrandir avec la venue d’un  bébé en septembre prochain. Un jour il me dit, je n’aurai pas la chance de connaitre le bébé. C’est vrai papa tu ne le connaîtras pas cet enfant, mais au moins tu sais qu’une autre génération PETITOT est en marche et il m’a regardé avec un grand sourire ! 
Nous avons vécu de magnifiques moments avec lui. Nous avons eu la chance et le privilège de l’accompagner et le voir toujours souriant et surtout sans souffrance. Il a été combatif, serein et résiliant tout à la fois. Comme je l’ai dit mon père a toujours été au bout des choses, et il s’est éteint au bout du 9ième mois. 
Papa, tu peux quitter ta mission est accomplie !
Nous reprenons le flambeau, pour faire perdurer les valeurs familiales que vous nous avez inculquées maman et toi !
Repose en paix…..
Tes enfants et petits-enfants.
Dans nos cœurs pour toujours !

Texte écrit par Martine Petitot


''Les mois, les années passent et disparaissent à jamais, mais un seul instant heureux reste un joyau de la vie''

Nous serons avec vous par la pensée lors de la cérémonie du 14 mai
Recevez toute notre affection et notre tendresse


sincères condoléances à toute la famille et à son amie Aline.

paul-henri et céline

Please accept my sincerest condolences on the loss of your father. We wish you and your family peace and support in this period of loss. My father has been gone for several years now but is still a source of strong and pleasant memories and emotions for me. I hope the same for you.

Michel tu nous a quitté mais tu resteras toujours dans notre cœur
Tu vas rejoindre Cécile, mais tu laisses sur terre une grande richesse, une belle famille unie .
Nous t'embrassons et sois heureux où tu es.
Lucienne et Roland



Très chers tous,
En ce samedi de printemps, nous pensons très fort à vous et à Michel, son sourire et son accent chantant. Nous vous embrassons fort.
Laurent, Laura et Gaspard


Chanson Cécile et Michel

Toi, t’as grandi sur une ferme, dans la joie et la candeur
D’un homme qui n’a pas peur.
Même, accoté sur un mur, ta résistance est pure
Car tu parles avec ton cœur.
...Et mon fils te ressemble…
... T’es parti comme tu l’voulais…
… J’me sens tout de même étrange, tu sais?

Elle, habitée par la guerre, en bonne ménagère
Elle travaillait avec ardeur.
Dans les rêves de Cécile, dormait une liberté tranquille
Elle savait trouver l’bonheur.
… T’es parti un peu d’avance…
… Un peu plus tôt que tu l’voulais!
… Et papa s’ennuyait, je pense…

-------Cécile et Michel, vas-y rejoindre ta belle!--------
Elle t’attend c’est bien sûr, pour de nouvelles aventures
Une grande fête t’y attend, comme maman sait les faire…
Tu peux y aller maintenant, mon père.

Ils se sont rencontrés de l’autre côté de l’atlantique.
Puis ces deux aventuriers ont tout quitté pour l’Amérique.
Et puis de villes en villes, de chantiers en chantiers
Et pendant toutes ces belles années, ils sont restés soudés.

Même, touché par son départ
T’es un peu devenu son miroir
Elle, le ciment de la famille
Dis-moi maintenant…
Dis-moi comment ses yeux brillent

---------------Refrain----------------
Paroles : Christian Proulx, Denis Petitot, Martine Petitot
Musique : Christian Proulx
www.christianproulx.com (site à venir)


AVIS DE DÉCÈS

Michel Petitot

5 avril 1928 – 29 avril 2016

La Maison Darche Services funeraires

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